Les peintures d’Andrzej Brych nous font face.

Chacun de ses personnages, isolés, immense dans son cadre, livre une bataille silencieuse pour continuer à vivre. Quelque chose est brisé, mais quoi ?

Ces portraits montrent des humains qui semblent sans famille, sans anecdote, sans culture, sans âge, sans ethnie, sans consolation, sans terre natale… On dirait des individus séparés des autres, discrets, pourtant intenses, des survivants de défaites ordinaires, ou pire.

Ils nous disent l’égo abattu, l’attente nue, l’espoir entrevu, l’ennui combattu … l’homme déchu.

On sent derrière ces tronches cabossées, l’impossible tranquillité, les désastres pudiques, la folie sans fureur, la proximité de l’enfance, le refuge dans l’immobilité… Ils nous fixent de leurs orbites vides : visages dissymétriques, sans politesse mais sans mensonge, dépouillés, vrais.

Serait-ce une tentative pour dépasser les apparences, abraser la chair, décaper un reflet trop convenable, pour parvenir à la nudité de l’âme ?

Certains y verront le désespoir, d’autres une quête sans repos, un cri sans mot, une errance permanente, l’enfermement dans la solitude, un creux à l’âme…

Dans ce face à face direct, brut, entre l’œuvre et le spectateur, apparaît, entre franchise et délicatesse, avec beaucoup de liberté, le tragique tourmenté de nos existences.

Le peintre nous invite à faire le chemin vers eux.

 

                                                                     Emmanuelle Grand